BIO

Publié le par Jean-Claude Revest

24 juin 1945, Amélie-Esther Frontéro met au monde un enfant de sexe masculin dans une maison ouvrière en bordure de la forêt de Tronçais sur la commune de Cérilly dans l’Allier. L’enfant, né de père inconnu portera le nom de sa mère jusqu’à l’âge de sept ans.


Septembre 1945, Amélie s’installe avec l’enfant chez ses parents, immigrés italiens à Cannes, près du marché Forville et du vieux port.

« J ‘ai vécu une enfance pauvre, entouré d’affection, dans un quartier où se mêlaient les couleurs et les senteurs provençales. C’est autour du fourneau à bois de ma grand-mère, cuisinière de maison que j’ai connu les saveurs d’une cuisine populaire piémontaise... »


Jean-Claude Revest fréquente l’école communale du quartier jusqu’en 1956, il a pour maîtres les disciples d’une pédagogie nouvelle élaborée par Célestin Freynet, parmi ses camarades, plusieurs sont devenus des artistes dans différents domaines.


«En 1984, lors d’une exposition de groupe dans les salons de l’ancien Palais des Festivals, je vis venir à ma rencontre un bel italien d’une quarantaine d’années. En me tendant la main, il déclina son nom et dit simplement ; « nous étions dans la même classe à Eugène Vial ».C’était Max Charvolen, du mouvement Fluxus... »

Juillet 1953, Amélie Frontéro épouse André-Louis Revest qui reconnaît l’enfant et lui transmet son nom.

« Voulant me donner un père, Amélie fut, sans doute, impressionnée par ce personnage à la faconde pagnolesque. Ses colères révélaient ses faiblesses mais aussi des convictions, un réel sens de l’équité et de la probité, des mots au sens désuet aujourd’hui ! »

Octobre 1956 à juin 1962 – Etudes secondaires au lycée technique Jules Ferry de Cannes. Puis, entre en classe préparatoire au lycée horticole d’Antibes de l’E.N.S architecture des jardins. Il n’y restera qu’une année scolaire. Son adolescence est une période douloureuse, traversée par les fréquentes tentatives de suicides et séjours de sa mère en clinique psychiatrique...

« Il a bien fallu que je me tire de tout ce bazar, que je tente de trouver un chemin, heureusement j’avais subi une éducation protestante, elle me préserva de la faiblesse des adultes. Le pragmatisme calviniste était temporisé par la sensibilité latine transmise naturellement par mes grands parents chez qui je me réfugiais chaque fois qu’il m’était possible... Dès douze ans, je mettais en scène Molière, dans les ruelles du Suquet aux allures napolitaines, sans avoir vu jouer ces pièces. J’avais le sentiment qu’elles étaient le reflet de la vie. Mon héros n’était autre qu’un enfant du pays, Gérard Philipe. Sa brusque disparition détermina ma première vocation... Une boulimie de lectures me singularisait auprès de mes camarades de lycée et des profs de français, d’histoire ou de géographie, j’étais un cas notoire d’une erreur d’orientation : brillant dans les « humanités » et disciplines d’expression, mais totalement étranger aux matières scientifiques et techniques. »

Juillet 1963, après avoir quitté le lycée, entre comme apprenti tapissier - décorateur chez un artisan cannois. Dans le même temps, participe comme comédien amateur à la reprise des textes d’Anouilh, Ionesco, Sartre et Giraudoux par une troupe locale « Les tréteaux de Cannes ».

« Déjà, depuis cinq ans (de 59 à 63), je désertais le lycée au mois de mai, le Festival de Cannes allait m’offrir des rencontres exceptionnelles, c’est là que je fis mes humanités. J’ai eu ainsi à ma disposition les meilleures créations du moment et sans doute de l’histoire du cinéma mondial : de Bunuel à Bergman, de Fellini à Pasolini, sans oublier la « nouvelle vague », pour l’apprentissage de la vision, quels meilleurs maîtres...

1963 à 1965, service militaire - Mers el-Kébir près d’Oran.

« La guerre d’Algérie était encore dans les esprits, la plupart des officiers présents sur la base à ce moment là, étaient anti-gaullistes. J’avais tenté de me soustraire à ce service militaire qui me soumettait à la bêtise et la médiocrité d’individus que je considérais comme des lâches ou des faibles. J’entrepris des cours d’histoire de l’art par correspondance : un moyen de m’évader !
»

Libéré, J.C Revest quitte Cannes pour Paris et projette de présenter le concours du conservatoire national d’art dramatique. En août 1965, installé dans un foyer d’étudiants, dans le quartier Montmartre, il suit les cours de Béatrice Dussane...

« À la radio, Dussane était la grande prêtresse du théâtre, elle y faisait des lectures et, bien entendu, vue de ma province, elle était un phare, je courrais à ses cours... À la troisième audition, sur un texte de Giraudoux, elle décida de manière définitive que je ne pourrais jouer que les deuxièmes rôles ou au mieux « les valets » du répertoire, à cause de ma petite taille ! J’en fus déconcerté, je m’imaginais dans les premiers rôles, elle mit fin à mes espoirs. Je me tournais vers les arts plastiques... »

1965. Fréquente les cours de dessin de nu et de peinture de l’atelier de la Grande Chaumière à Montparnasse, les ateliers de la ville de Paris (place des Vosges et rue St-Merri) et enfin l’atelier du passage d’Enfer, à Montparnasse, dirigé par R.Baudry.

« Nous étions une cinquantaine de filles et garçons, entassés sur des bancs de bois, dans cet ancien atelier, qui avait été celui de Rude. Notre professeur d’ « Académies » et de nu, Ledner, exigeant et novateur, donnait là, sans doute, le meilleur cours de dessin de Paris. En quatre mois j’étais prêt à passer le concours de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts... »

1965 à 1968, élève de l’E.N.S.B.A de Paris, atelier Chapelain-Midy.

« Membre de l’Académie, « le Maître » décela à travers mon travail de peinture, que je pourrais faire du décor de théâtre, lui-même avait eu son heure de gloire à l’Opéra, notamment pour ses décors pour « Les Indes galantes » de Rameau. Pendant ces quelques années parisiennes, grâce aux amitiés des résidents du foyer de la rue de Trévise, je pus participer à la vie culturelle. Trois ou quatre fois par semaine, j’assistais soit à un concert, soit à une représentation de théâtre, de ballet ou d’opéra... Il y eut surtout, une grande exposition au Palais de Tokyo sur l’Ecole du Bauhaus et une importante rétrospective de l’oeuvre de Paul Klee en 1966 et la première rétrospective de l’oeuvre complète de Picasso, en 1965. »

Événements de 1968, émergence d’un nouveau théâtre et des troupes : Théâtre du Soleil, Arrabal, puis un peu plus tard les réalisations de Planchon, Chéreau, J.P Vincent, le grand Magic circus... Sans oublier la Compagnie Renaud-Barrault .

« Au tout début des évènements, je n’avais pas éprouvé le besoin de m’y mêler, c’était un combat où je ne me retrouvais pas et je ne me considérais pas comme un étudiant ordinaire, mais les jours suivants, l’immense besoin de paroles qui réunissait toutes les classes sociales, vieux et jeunes, me fit changer d’avis. Ce fut une grande fête, plus qu’une révolution, une fête de la démocratie véritable. Ce qui est impensable aujourd’hui, c’était de voir des intellectuels aller à la rencontre des ouvriers, des employés, où chacun occupait déjà une place plus ou moins précaire dans une société vieillie, sans conviction, sinon celle de paraître. »

Octobre 1968. Entre à l’Education Nationale, comme professeur de Dessin d’Art des Collèges d’enseignement technique. Le 30 janvier 1970, J.C Revest épouse Brigitte-Elisabeth Pons, au temple de l’Eglise Réformée de Neuilly. Le couple s’installe en Picardie à St-Quentin.

1970–72 Mises en scène en milieu scolaire de « Ubu » A.Jarry, « Le goûter des généraux » B.Vian, « Chacun son cirque » florilège poétique.

1972-1973 Création de décors et costumes « Les grands ballets classiques de France » Coppélia et La belle au bois dormant – rencontre Lyane Daydé et la famille Golovine

«J’avais la sensation d’appartenir depuis toujours à cette famille de la danse. Déjà enfant, ma grand-mère me traînait dans les coulisses du théâtre du Casino à Cannes : nous venions chercher l’une de mes cousines, qui faisait ses premiers pas dans la troupe des « Ballets du marquis de Cuevas », elle devait avoir une douzaine d’années et moi cinq. Plus tard, elle devint Etoile sous le nom de Jacqueline Demin et je la retrouvais lors des réalisations des « grands ballets classiques ». Elle devint l’une des solistes du Ballet Contemporain d’Amiens... »

1973 Exposition de groupe, Maison de la culture d’Amiens 1974 Conception Décor et costumes pour Les caprices de Marianne d’Alfred Musset, mise en scène François Darbon, reprise au théâtre Hébertot.

« Avec François Darbon, c’était une rencontre avec un des membres de la troupe du TNP de Jean Vilar qui s’amorçait, alors que je ne suis pas de cette génération... Peu de temps après, en travaillant pour Marcelle Tassencourt, directrice du théâtre Montensier à Versailles, entre deux poses de répétitions, je fis la connaissance de son mari, Thierry Monnier, alors membre de l’Académie Française et éditorialiste au Figaro. De longues conversations suivirent, autour de Gide et de Claudel bien sûr... »

Naissance d’un premier enfant : Magali.

1975 Création décor et costumes pour L’annonce faite à Marie de Claudel- théâtre Montensier–Nita Klein, Jean Davy 1976 Création décor et costumes pour Faust opéra de Gounod.

1977 Scénographie de concerts : Neuvième symphonie de Beethoven - orchestre de Düsseldorf et choeur de Cologne – Marius Constant et Ars Nova. -
Réalisation scénographie et costumes pour une troupe région Nord-Picardie -Noces de sang de Frédérico Garcia Lorca -
Réalisation décors, costumes, conception lumière pour Les contes d’Hoffmann–Opéra d’Offenbach. -
Conception lumière, mise en espace, Scénario et dialogues, pour le spectacle Son et lumière De La tour... textes dits par Geneviève Page et Daniel Ivernel – Adaptation et mise en scène pour les Contes du Potiron d’après Michèle Kahn– spectacle jeune public.

1978 Conception, montage audio-visuel et scénographie d’une exposition Daumier.

1981 Mise en scène et scénographie pour La Fausse Suivante de Marivaux. Naissance d’un deuxième enfant : Nicolas.

1982 Scénographie du Concert Gershwin par Les soeurs Labecque.

1984 Chef de projet, conception graphique et scénographique pour l’exposition Fils et textiles, rassemblant 20 plasticiens, dont Vera Szekely, Pierrette Bloch, Pascal Mahou, C. et F. Hunzinger... et 20 industriels du Nord.

« L’événement que constituait la rencontre des créateurs textiles et d’industriels me fit prendre conscience de la situation économique et sociale de la région picarde qui paraissait si éloignée des préoccupations d’une politique centraliste et parisienne. Conjointement je réalisais dans ces années-là mes premières recherches sur le signe et le tressage, ce n’était pas un hasard »

Retour dans le midi, installation de la famille à Grasse (06) 3 Expositions personnelles– région PACA/ Paris 1985 Exposition de groupe – Palais Festivals de Cannes, avec Arman, Sosno, Villiers, Charvolen, Alechinsky 1986 Exposition de groupe peintures en peinture - Annecy 1988 Exposition inaugurale – Conception graphique, scénographie pour Les Passes-montagnes – Maison de la Culture André Malraux à Chambéry

1988-1993 Conception décors et costumes Scénographie et suivi costumes pour trois créations : Callas, Homos et El Vincitor - Cie de Danse contemporaine Antibes Côte d’azur dirigée par Patrick Tridon (soliste des ballets du XX°siècle, Maurice Béjart). Rencontre Emio Gréco qui fait partie de la compagnie.

1989-1991 Mise en scène : Un chapeau de paille d’Italie de Labiche, Le réveil de Pascal Rambert, L’augmentation de G.Perec Depuis 1991 Ecriture de Nouvelles, pièces de théâtre et poésies.

1994 Séparation du couple et retour dans la région parisienne. J.C Revest participe à la création de section de techniciens des métiers du Spectacle (Costumiers/machinistes-constructeurs) – Lycée de Sartrouville

1995 à 2005 - Suivi de la création des costumes pour Les fausses confidences de Marivaux - Compagnie Hubert Jappelle, Théâtre de l’Usine à Eragny et le Théâtre de la Danse d’Epinay. Suivi de réalisation : - des costumes pour Le théâtre du Soleil (Tempête sur la digue), pour Bartabas et Le cirque moderne à la Villette... - du décor pour La bête et les belles - mise en scène Alfredo Arias.

2006-ce jour Création de la Compagnie 347– Mise en scène, décor et costumes pour la création de « Trilogie» - Claude Olivès, reprise de « La nuit avant les fôrets » - Koltès, « Fin de partie » - Beckett. Poursuite d’un travail pictural en parallèle.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article